France, 2004
de Alain Damasio
De quoi ça parle ?
Dans un monde réduit à une bande de terre bordée de glaces infranchissables au nord et au sud, où le vent souffle sans discontinuer de l'est (amont) vers l'ouest (aval), une Horde, la 34ème, a été formée à l'extrême-aval pour tenter d'atteindre la source du vent à l'extrême-amont, en faisant la route à pied. Ils partent enfants, et doivent s'attendre à marcher au moins trente ans pour atteindre le point où les Hordes précédentes n'ont plus pu avancer.
Et c'est comment ?
Le rêveur : - Quelle claque !
Alain Damasio nous régale d'un récit narré à tour de rôle par chacun des Hordiers et nous entraîne dans son univers, ne nous en dévoilant les clés qu'à son rythme. J'ai été littéralement transporté par la quête absurde et héroïque de cette Horde, soudée jusqu'à la folie.
Tout ceci paraît tissé de songe. Qui n'a jamais rêvé (ou cauchemardé) de d'entêter à avancer difficilement contre une force quasi-inébranlable ?
Une vraie belle découverte (merci kraanos), qui me hantera encore longtemps.
Le littéraire : - L'auteur s'est arrangé pour s'offrir des occasions de jouer avec les mots. Le chapitre de joutes verbales fourmille de palindromes et autres exercices de style. On sent que l'auteur s'y plonge avec délectation, comme le lecteur.
Le littéraire : - L'auteur s'est arrangé pour s'offrir des occasions de jouer avec les mots. Le chapitre de joutes verbales fourmille de palindromes et autres exercices de style. On sent que l'auteur s'y plonge avec délectation, comme le lecteur.
Note globale : 6/6 (hééé ouais)
Test de Bechdel : 3/3
Formes du vent : 9
Premier paragraphe (lisible)
A la cinquième salve, l'onde de choc fractura le fémur d'enceinte et le vent sabla cru le village à travers les jointures béantes du granit. Sous mon casque, le son atroce du roc poncé perce, mes dents vibrent - je plie contre Pietro, des aiguilles de quartz crissent sur son masque de contre. A terre, dans la ruelle qui nous couvre, deux vieillards tardifs qui clouaient un volet ont été criblés ; plus loin au carrefour, je cherche en vain la poignée de mômes qui crânaient front nu en braillant des défis que personne, pas même nous, ne peut à cette puissance, et sous cette viscosité d'air, relever. Toute la Horde est à présent plaquée contre la face ouest d'une bâtisse qui nous a paru un peu moins pitoyablement jointoyée que les autres, à attendre le ressac, la courte pause dans l'accélération, qui nous permettra de contrer dans le dédale des rues jusqu'aux fortifications, puis au-delà, si l'on sort. Si l'on se décide - finalement- à sortir. Des dômes les plus hauts, du métal tordu crie dans les accalmies, une éolienne grince, hoquette - elle repart... Se bloque. Les pales crépitent sous la grenaille. Une rafale encore - et le bruit se fond dans le rugissement saturé. A ma gauche, un chat oblong se cale, ébouriffé, dans une encoignure trop étroite pour lui, et volent les jouets cassés, des calebasses, des bancs qui raclent et des tuiles de terre cuite arrachées et jetées comme à la main à trois mètres de nous. Il n'y a plus de doute maintenant, pour personne : le furvent arrive. Il sera là dans l'heure. Il s'annonce, comme toujours, en quintet. Et il ne laissera rien debout ici, dans ce bled qui ne figurait sur aucun carnet de contre, tant son plan carré, ses ruelles axiales et son architecture en pisé auraient fait hurler une Oroshi de huit ans.
Oui la horde du contravent mérite un 6/6.
RépondreSupprimerPar contre, les amateurs de fantasy classique, genre le héros tout vêtu de blanc qui triomphent du méchant ennemi, ben ils peuvent passer leur chemin, rien à voir avec cela.